dimanche 23 septembre 2018

Départ de Apataki pour Makatea

Mercredi matin les conditions météorologiques sont enfin bonnes pour partir.
Hier soir, Nico, un ami pêcheur nous a donné une main de bananes ( une rangée d un régime). Il m a aussi donné des perles en nacre pour faire un bracelet. C est trop joli. Ce matin on est passé reprendre la météo sur internet et on est passé devant chez Nico lui dire au revoir. Il nous a donné une baguette de pain toute fraîche qu'il a eut cette nuit à l arrivée du kobia, le bateau de livraison. J étais folle de joie. Ça sent si bon. Je n arrêtais pas de la respirer. Je me faisais un shoot avec !!!Pourtant c est une baguette ordinaire déjà un peu molle mais je n en ai pas senti depuis juin !!! Hier à l épicerie j avais acheté du jambon blanc sous vide et de l emmental Président, je rêve déjà du bon sandwich que je vais pouvoir me faire.
Pour aller à Makatae il y a 120 miles.Il faut environ 1 jour et une nuit de navigation. C est une île haute, au milieu de nulle part sur la route pour retourner à Papeete. Il y a une ancienne exploitation de phosphate. C est très difficile d accoster. Il y a juste 3 corps morts officiels. Lundi matin j avais appelé la mairie de Makatea qui m avait dit qu'il y en avait un de libre mais on ne peut pas réserver. Tant pis on prend le risque de partir, on compte sur notre bonne chance.
Il y a très peu de vent. On fait du 2,5 noeuds de moyenne, c est minable, mais cool et tranquille.On est au portant, donc cool. Je me balade sur le pont, fait la sieste. Le coucher de soleil est beau, c est mon premier sur l eau en pleine mer. On voit même un banc de dauphins qui chassent en sautant, c est joli mais un peu loin. La nuit était belle, j ai passé une partie de la nuit dehors allongée dans le cockpit à regarder les étoiles et la voie lactée. C est calme. Je me suis dit que c était tranquille et agréable la navigation comme ça.
Jeudi matin il n y avait plus de vent. On avait fait 80 miles en 24h sur les 120. Si on voulait être arrivés avant la nuit Lionel a donc mis le moteur en plus pour faire du 4 noeuds environ. On a vu très longtemps à l avance l île car elle est haute. Mais elle grossit très lentement. C est trompeur en mer, on croit que parce que l on voit on y sera vite mais non. A 15 h on a longé la côte Est de l île et vu un mât. Je commençais à stresser en espérant n en voir que 2. On a ensuite vu le 2 ème et aussitôt un 3 ème !!! Énorme déception. On ne pouvait donc pas s arrêter. C est super frustrant. On avait fait un détour pour venir ici, et pas possible d accoster. Il n y a pas de plage, le fond est à 200 m, donc impossible de mettre l ancre. On était tous les deux dépités.On devait passer 2 jours sur cette île. Tout tombait à l eau. On a regardé passer la côte et Lionel a recalculé le cap pour aller à Papeete. 115 miles. Il était 16h.
Et là tout à commencé à changer. Dès que l on a plus été à l abri de l île on a été quasiment vent de face, on s est trouvé au « pré serré». Et le vent à forcit. Et l horreur a  commencé. Le bateau était complètement incliné sur un côté, il allait super vite et à chaque vague il se prenait un « paquet de mer» : une masse d eau qui s abat sur le pont. J ai rampé comme j ai pu pour aller me coincer sur la banquette droite ( le côté le plus bas du bateau). Et là je n en ai plus bougé pendant 23h.!!! C est incroyable. Je ne pouvais pas bouger. Si je levais la tête j avais un haut de coeur. Il y avait un bruit énorme. Tout bouge à l intérieur. Les vagues rebondissent contre la coque métallique, ça fait un bruit énorme. Les masses d eau sur les hublots aussi.  Je ne pouvais être que les yeux fermés sinon je voyais le bateau gîter et ça me faisait un haut de coeur. J ai alterné, sans bouger, les phases de sommeil et éveil. Je ne sais même pas comment je pouvais dormir. Lionel était dehors. Il est aussi tombé des trombes d'eau. Ça a rajouté au bruit infernal. A un moment dans la nuit j ai demandé à Lionel un verre d eau. Il me l a apporté. Mais j étais incapable de lever la tête pour boire. Je suis restée allongée avec mon verre dans la main!! Je me suis même endormie avec. Et sans boire. Au matin, toujours pareil. Je ne voulais pas déranger Lionel qui s affairait en haut. Le temps s écoule lentement. Je me disais « pourvu qu'il ne tombe pas par dessus bord, je ferai quoi !!» et aussi « si on coule est ce que j aurai le temps de récupérer ma carte d'identité, carte bancaire et mon téléphone »??
On a eu des pointes à 38 noeuds, c est super violent quand on est dedans. Et ce bruit infernal. Je crois que c est la première fois de ma vie que j étais confrontée aux éléments comme ça. Ça fait peur. A midi je n avais toujours ni bu ni fait pipi depuis la veille a 15h, ni brossé mes dents, moi qui ne supporte pas ça. Je commençais à me dire « à partir de quand est on en phase de déshydratation, est ce que mes reins vont être abîmés... ?»ma main était crispée sur ma cuisse. J ai voulu me forcer à lever la tête pour boire et là j ai vomi. Moi qui est horreur de ça, là je me suis même essuyé le visage avec ma manche de robe. J étais en sueur, je ne supportais plus mon odeur depuis déjà la veille au matin sans se laver par cette chaleur. J ai fini par tremper mes doigts dans le verre et les sucer, ce qui ne me demandais pas d effort pour lever la tête. A 15h Lionel est venu en me disant « ça y est c est calmé » là j ai éclaté en sanglots. Il a encore fallu attendre une bonne demi-heure que la mer se calme et il m a conseillé d aller prendre l air. J ai réussi à me lever en me tenant. J ai bu un verre et je suis allée aux toilettes. Ouffff
J ai réussi à monter dans le cockpit. Ça allait mieux. On venit d arriver le long des côtes de Tahiti ce qui nous mettait à l abri des vagues et du vent. On s est pris un bon coup de Maramu. Et Lionel m a dit « ce n était rien ça, la mer n était pas très mauvaise»!!
Et bien !!! Merci, moi la mer j en ai mon compte !! C est horrible le mal de mer comme ça. Et pourtant j avais mes bracelets speciaux, pris des trucs homéopathiques et des comprimés de mer calme!! C est ce qui m a fait dormir.
A 16 h, on était à la marina de Papeete. Je n aspirais qu à une douche chaude.
On était partis le mercredi à 8 h du matin, on est arrivéle vendredi à 16h. 3 jours en mer, dont la moitié allongée sans bouger, je n avais jamais connu ça.
Sacré expérience.
Ce qui me fait peur c est que dans 10 jours je réembarque et là ce sera pour 5 jours de mer. Je ne sais plus si je dois y aller. Pourtant je voudrais connaître l expérience d un catamaran. C est plus stable. Je vais réfléchir !!!

2 commentaires:

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