La vie à Apataki.

NNous sommes arrivés à Apataki après 6h de navigation en pleine mer. Nous étions à la passe Nord de Toau pour arriver à la passe sud de Apataki. Les voiliers qui viennent à Apataki ne le font que pour aller au carénage sur un motu au milieu de l atoll. Quasiment aucun ne s arrêtent au village de la passe Sud. On nous avait dit qu'il y avait un corps mort dans la mini marina près du quai. On nous avait dit qu'il ne fallait pas se mettre au quai car le mardi le « Kobia» arrive. Le Kobia est le cargo de fret qui approvisionne les atolls ( en fait il n est pas venu, il ne passe qu un mardi sur 2) On s est donc amarré au corps mort qui était solide. On a mis une amarre sur une bite du quai. On est donc amarré perpendiculairement au quai avec l avant vers le quai et l arrière fixé au corps mort. On est a 80 cm du bord. Ce qui permet d aller à quai sans le dingi mais c est acrobatique!!! Il faut contourner le génois,mettre un pied sur la fixation de l ancre, un sur la corde tendue et sauter sur le quai. J ai toujours peur de tomber à l'eau. Je fait ça pieds nus, je lance avant mes tongs sur le quai et mon sac avec mon téléphone. Il y a une seule rue dans le village. Elle part du quai et va en ligne droite à la décharge. Il n y a qu une seule épicerie, plus de boulangerie depuis 4 mois, une école primaire,une église, la poste et la mairie ( récente , avec un abri anti cyclone ou tsunami à l étage) et rien d'autre. Il y a peu de gens dans le village:100 ou 150 maxi. C est une vie très particulière.
Il y a très peu de touristes qui s arrêtent, et donc on est vite repéré comme popa ( blanc).
Le premier soir en allant faire Internet  ( en dehors des heures d ouverture la mairie laisse l accès libre à la wifi )tout le monde me disait bonjour « Ionara». Il y a le matin et le soir 5-6 personnes qui viennent « surfer ». Les gens ici n ont pas les moyens d avoir Internet chez eux car c est très cher et le délai est au moins d 1 an car le raccordement est compliqué dans les atolls. Il y a une jeune maman qui vient faire Internet avec sa fille de 10 ans et sont fils de 3 ans. Je les retrouve tous les soirs. La fillette est en CM1. Je lui demande de me raconter sa journée d école. Elle lit par dessus mon épaule ce que j écris. Enfin elle essaie de déchiffrer,elle lit très mal.Je lui ai demandé de me réciter la table de 2 de multiplication. Elle ne connaît pas. Ils ont un niveau scolaire très faible ici. Je l ai déjà constaté. Il y a 2 classes: 1 maternelle tenue par une maîtresse et une primaire tenue par un maître. Il doit y avoir 30 enfants maxi en tout et encore. Pour le collège ils doivent partir sur l atoll de Rangiroa. Seul collège des 72 atolls!!!. Les enfants qui rentrent en 6 ème sont donc internes et ne rentrent qu'à Noël. Je trouve ça super dur.
Le lendemain matin je suis allée à 7h30 à l entrée des classes. Les enfants ont tous accouru vers moi en disant « Tatie, Tatie» c est trop mignon. Je suis rentrée dans la cour leurs faire des bisous. L école finie à 15h30. Ils mangent tous le midi à l école. Je ne sais pas qui prépare le repas.
Maintenant quand je vais faire Internet le soir j apporte des bonbons que j ai acheté à l unité à l épicerie. Ils sont tout contents. Ils me posent pleins de questions sur le voilier et sur ma vie. Je leurs ai montré des photos de mon fils cet été dans les Alpes avec la neige. Ils sont fascinés!!!
Je les ai invité à venir le lendemain après l école sur le voilier. Ils sont tout excités.
3 sont donc venus sur le voilier. Ils étaient fascinés. Je leur ai tout montré, ils voulaient toucher à tout. Puis je les ai fait s asseoir dans les cockpit et je leur ai donné un verre d eau et des galettes St Michel que Lionel avait. Ils ne connaissent pas. Un n a pas aimé!! C est très différents des seuls«Oreo» que l on trouve à l épicerie.
L épicerie est toute petite et quasi vide. Elle dépend uniquement du cargo de livraison. Il n y a  quasiment aucun fruits et légumes. Juste des oranges de Nouvelle-Zélande. Des pommes de terre toutes flétries et des oignons germés. La viande est surgelée. Il n y a que des cuisses de poulets par carton de 2,5kg. Des blocs de viande de boeuf non coupés de 2,5 kg aussi et des paquets de 10 steaks hachés. Tout est en grosse quantité. Il n y a aucun vêtements. Je ne sais pas où les habitants s habillent. C est incroyable.
Pour les prix, il y a les articles avec les étiquettes rouges : ce sont les prix conventionnés, partout les mêmes dans toute la Polynésie. Et les étiquettes blanches, variables d un magasin à l autre.
En allant me promener le soir dans le village j ai vu 3 jeunes qui jouaient au ballon sur le tarmac. L aéroport est minuscule et il n y a qu'un vol par semaine le jeudi. Du coup je suis allée me promener sur la piste pour voir le coucher du soleil. Je n avais jamais fait ça. C est tellement incongru.
Un jour en faisant le tour du village ( 1 rue droite d 1km et 2 parallèles en arc de cercle qui rejoignent la grande à chaque extrémité) on a vu une dame qui faisait des bijoux en coquillages. On s est arrêté pour la regarder. Ils vont déjà les ramasser sur les plages. Elle nous a dit que ça faisait mal au dos ! Tu m étonnes.Puis il faut les laver , les percer avec un poinçon et les enfiler. Je lui ai acheté un collier, un bracelet et je lui ai commandé une barrette en lui donnant la mienne qui avait des fleurs en tissu de décollées et aussi un bracelet de cheville. Le lendemain c est fait et super joli pour 500f chaque(4€)!!!Le surlendemain elle partait chez le médecin en «éva san»!!?? ( évacuation sanitaire). C'est incroyable. Il n y a pas de médecin dans l atoll alors même pour un rdv programmé chez le médecin il faut aller à Papeete( 1h de vol). Ils sont prioritaires sur le seul vol hebdomadaire, et pris en charge. Pareil pour les accouchements. Maintenant les jeunes mamans ne peuvent plus accoucher sur l île, à leur grand regret. Un mois avant la date prévue elles doivent partir pour Papeete, seule.
Les élèves ne sont pas très assidus non plus car parfois ils partent avec leur famille pour une semaine sur un motu au fond de l atoll pour aller faire le coprah.